« J’avais dix-sept ans et il ne me restait plus qu’à devenir un écrivain français. »
Et pourtant Patrick Modiano, avec son double jeu de tradition et de modernité, a touché le public le plus large depuis 1968, date de ce coup d’éclat que fut La Place de l’Étoile, donc depuis quarante-six ans, publiant avec une grande régularité à peu près vingt-huit volumes, romans, récits, autofictions, biographies parallèles. Très jeune, il a collectionné les prix littéraires : Roger Nimier, Fénéon, Académie française, Goncourt. Restait le Nobel, qui se faisait attendre. Ce prix est donné à un écrivain ou à un savant. Mais les médias s’imaginent que, comme les Jeux Olympiques ou les Coupes du Monde, il honore une nation, en l’occurrence la France (elle fut la première à recevoir cette consécration, en 1898, pour l’illustre Sully Prudhomme, dont il ne reste rien dans nos mémoires que le fragment d’un vase fêlé). Certes, aujourd’hui, en France, le « nationalisme » est prohibé, le « patriotisme » moqué, mais autorisé dans les compétitions sportives internationales, qui servent de défouloir à un chauvinisme viscéral et apoplectique. On ne va pas bouder le plaisir de voir célébrer le meilleur écrivain de sa génération en France, qui, pas plus que son confrère Le Clézio, n’a jamais figuré dans les hit-parades de la popularité. On est quand-même accablé quand on voit notre ministre de la culture, qui semblait justement sortie d’un roman de Modiano, avouer qu’elle ne pouvait citer aucun titre de lui et n’avait jamais ouvert un seul de ses livres. Il ne faut pas lui en tenir rigueur. Malraux l’avait démontré : la littérature, en France, n’a vraiment existé que pour une secte très minoritaire comportant deux mille fanatiques, pouvant aller, pour être plus optimiste, jusqu’à dix mille. Les Français, apparemment, aiment moins, pratiquent moins leur littérature que ne le font les académiciens suédois. Mais ils veulent bien que l’écrivain couronné soit un représentant de la France. Or c’est là le problème : quel est le lien de Patrick Modiano avec la France, la langue française, la littérature française ? La réponse ne va pas de soi, et elle varie beaucoup selon chacun des vingt-huit ou trente volumes de l’écrivain voué à cette « Maigre immortalité noire et dorée / Consolatrice affreusement laurée », que décrit Valéry.
Si un conseiller érudit avait fourni à sa ministre une fiche rassemblant les titres des « ouvrages du même auteur », cette fiche aurait pris l’allure d’un poème en prose, d’inspiration topographique et temporelle dessinant bien l’imaginaire de notre auteur :
« La Place de l’Étoile, La Ronde de nuit, Les Boulevards de ceinture, Villa triste, Livret de famille, Rue des boutiques obscures, Une jeunesse, De si braves garçons, Quartier perdu, Dimanches d’août, Vestiaire de l’enfance, Voyage de noces, Un Cirque passe, Du plus loin de l’oubli, Dora Bruder, Des inconnues, La Petite bijou, Accident nocturne, Dans le café de la jeunesse perdue, Remise de peine, Fleurs de ruine, Chien de printemps, L’Horizon, L’Herbe des nuits, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier. »
Le dernier titre indique le mieux le thème central de toute l’œuvre. Le protagoniste de La Place de l’Étoile, Raphaël Schlemilovitch (qui correspond à la fois au père de l’auteur, en 1941, et à l’auteur lui-même en 1961, par une étonnante confusion d’identité) est un juif apatride, titulaire du seul passeport Nansen, traqué par la police française avant de se rallier aux policiers collaborateurs, par le truchement du marché noir, juif collaborationniste pour avoir trop lu des écrits français antisémites, juif rejeté par un État d’Israël, lui aussi policier et brutal. Certes le texte est énigmatique, à force d’auto-parodie, et, on le verra, Patrick Modiano le corrigera, le réinterprètera et finalement le laissera de côté dans sa compilation de la collection « Quarto ». Certes, Raphaël a un double, Français de souche, passablement maurrassien, des Essarts. Mais le tableau de la France de 1940-1944 (tableau qui sera confirmé ou aggravé dans La Ronde de nuit et dans Les Boulevards de ceinture) est terrible pour des lecteurs français de 1968. Tous les personnages de Modiano – affairistes, escrocs, actrices ratées, journalistes, écrivains en herbe – sont des enfants perdus que la France s’applique à livrer à l’occupant allemand. Modiano se montre le premier, dans la France du général de Gaulle, à décrire une France pétainiste, maurrassienne, antisémite, xénophobe, où tous les pouvoirs sont donnés aux policiers des affaires juives. Il y a bien quelques résistants, mais ce sont des agents doubles, qui passent du côté des plus forts. Au fond, Modiano est le premier à montrer que les statuts des juifs de 1940-1941, voulus par le maréchal Pétain, étaient déjà inscrits, en 1937, par Charles Maurras dans ses Idées politiques. Maurras dénonçait les quatre ennemis de la France : les juifs, les protestants, les francs-maçons, les métèques. Or, les personnages de Modiano, pas toujours juifs, sont toujours des métèques et des marginaux, des sans racines, plus que des déracinés. Ils ont affaire, avant tout, à la police française et, dans les années noires, à la police allemande. Cette responsabilité de la France profonde, réelle, dans l’enfermement puis dans la destruction des Juifs, ne sera confirmée que plus tard, par un cinéaste, Marcel Ophüls dans Le Chagrin et la pitié (d’ailleurs interdit à la télévision) puis, définitivement, par un historien américain, Robert Paxton, dans La France de Vichy, 1940-1944. La traduction française provoqua un scandale mémorable. Les visions neuves du romancier sont devenues ainsi des thèses soutenables, même contestées : la France a perdu son honneur, non pas dans la défaite militaire de 1940, mais dans l’organisation résolue des persécutions antisémites, avant même que l’occupant n’en exprime la demande. En fait, chez Modiano, il n’y a pas de thèse. Il tend souvent à « s’identifier aux objets de son horreur et de sa compassion », à mettre en scène des journalistes collaborationnistes (mais y en avait-il d’autres à Paris ?), des policiers tortionnaires, des supplétifs de la Gestapo (tel Lacombe Lucien), des trafiquants de marché noir (parfois juifs, associés à des officiers allemands). On s’émerveille de l’érudition historique du tout jeune Modiano. Il a moins puisé dans les confidences des acteurs que dans le remarquable livre du commissaire Jacques Delarue, Trafics et crimes sous l’occupation. Tout un programme…
Contrairement à une idée répandue, Modiano s’est assez vite (l’espace de trois livres) détourné des années noires, même si son livre le plus consensuel et le plus admiré aura été Dora Bruder, en 1997. Dans ce récit, Patrick Modiano lui-même, jeune homme dans les années 1960, enfant perdu, adolescent abandonné par père et mère se raconte en contrepoint avec une autre enfant perdue, Dora Bruder, juive, fugueuse, internée aux Tourelles puis à Drancy, morte en déportation. Enquêteur du style Philip Marlowe, Modiano cherche les vestiges d’une victime, dont il ne reste d’autres traces que son nom. Un point commun entre cette victime et son historien consiste en ce qu’ils ont des rapports détestables avec la police et l’administration française, soit avec l’État français. Certes, le père de Modiano, juif, apatride d’Alexandrie et sa mère flamande belge travaillant pour la firme allemande Continental ne sont pas représentatifs de la France, mais l’hostilité résolue qu’ils rencontrent dans les milieux des affaires et du spectacle peut servir d’excuse à leurs errements. Dans Un Pedigree (2004), Modiano fera un constat très dur de la défection paternelle et de la sécheresse de cœur maternelle. La France des années 1960 ne lui a pas été hospitalière, elle se montre bien différente de l’imagerie des « trente glorieuses » que des historiens conformistes populariseront.
En général, Patrick Modiano imagine des héros ou plutôt des antihéros qui ont son âge. Dans ses derniers romans, on voit des sexagénaires qui, trente ou quarante ans après, évoquent des aventures fantomatiques, dont les témoins, quand ils n’ont pas disparu, ne se souviennent plus. Presque toujours, des personnes désactivées, marginalisées, désocialisées qui deviennent, par accident, des enquêteurs obstinés d’affaires classées. Raymond Chandler savait, lui aussi, créer ce type d’enquêteur mélancolique, comme Simenon – moins artiste cependant que Modiano – savait imposer le climat de brume, de brouillard, de flou et de buée, celui d’un mauvais rêve ou d’une mémoire trouée. Il est donc naturel que depuis Villa Triste (1975) Modiano ait situé ses fictions dans les années 1960, mais toujours revues ou perdues de vue dix, vingt, trente ans après. Dans Villa Triste, situé peut-être à Annecy, probablement en 1961, un jeune homme vivote et végète, craignant de se voir appeler pour la guerre d’Algérie, il veut garder la possibilité de gagner la Suisse, il donne donc des leçons à des enfants de notables et s’applique à une liaison avec une débutante ratée qui lit André Maurois… Osera-t-on affirmer que ce chef-d’œuvre de mélancolie passéiste reflète parfaitement l’état d’esprit d’une jeunesse dépressive de 1961, accablée par l’interminable prolongation de cette guerre d’Algérie, que de Gaulle mettra quatre ans à clore ? La France gaullienne, à lire Villa Triste, n’est pas si différente de la France maurrassienne et pétainiste. On dira bien sûr qu’il s’agit d’un fantasme de romancier mélancolique, sans aucune valeur historique. Un quasi-contemporain de Patrick Modiano, un peu plus âgé, estimera très pertinente cette figuration des années 1960. Georges Perec, dans Les Choses, sous-titrée Une histoire des années 1960, traduira un sentiment analogue : le désarroi de jeune gens, laissés pour compte d’une société de la consommation qu’ils ne veulent ni ne peuvent intégrer et qui restent indifférents à l’idéologie révolutionnaire alors de mise. La Vie mode d’emploi, de Perec, se montrera plus désespérée encore de la France contemporaine que la série des livres de Modiano sur les années 1960. Mais c’est trop dire car ni Modiano ni Perec (fils de juifs traqués ou exterminés) n’ont jamais placé le moindre espoir dans la nation française. La droite française les aurait situés dans ce qu’elle appelait « l’anti-France ». Pour Modiano, pour Perec, et pour beaucoup d’autres, ce furent des années de plomb. Mais c’est le privilège des écrivains de transformer le plomb (social et politique) en or (littéraire et poétique).
Que faire contre ce processus de déterritorialisation que la France – pétainiste, gaullienne, pompidolienne, giscardienne, etc. – inflige à ceux qui viennent d’ailleurs, sans titres ni racines ? Essayer de devenir écrivain ! Le personnage central du tout dernier roman de Modiano, Jean Daragane, raté et retraité exemplaire, a tout oublié de son premier livre, Été Noir, et n’écrit plus, sauf dans des carnets de survie. Mais il reconstruit une affaire d’il y a trente ans, sans vouloir relire ce volume. Contre la France réelle, le seul recours tient dans le « devenir écrivain », manière de rêver sa vie dans une écriture de fiction. Très souvent, les narrateurs protagonistes de ces romans sont des apprentis-écrivains, ou des auteurs de romans policiers en série, ou des écrivains qui n’écrivent plus, ou des jeunes désespérés sauvés par la publication de leurs premiers romans. De ce point de vue, La Place de l’Étoile présente une provocation énigmatique, l’énigme découlant d’une hyper-parodie aux effets contradictoires. Le héros affabulateur proclame : « Pour ma part, j’ai décidé d’être le plus grand écrivain juif français après Montaigne, Marcel Proust et Louis-Ferdinand Céline » (coll. « Folio » p. 39). On peut y voir – et Modiano y verra trente ans plus tard – une pure bouffonnerie (car il y a ici, comme dans Israël de Bernard Frank, une bouffonnerie à la fois hystérique et sophistiquée). Mais les critiques maurrassiens de l’Académie française, dans l’entre-deux-guerres, dénonçaient souvent dans Montaigne et Proust des « demi-juifs » (par leur mère), de vrais juifs et des « enjuivés », et les professeurs de khâgne se proclamaient aisément maurrassiens jusque dans les années 1950. Quant à Céline, il faut rappeler la thèse d’Emmanuel Berl, longuement interrogé par Modiano : le juif et l’antisémite habitent la même citadelle, l’un à l’intérieur, l’autre à l’extérieur. À tort, sans doute, Berl croit à l’existence d’un antisémitisme juif, qui procéderait de cette haine de soi que l’on crut découvrir chez Otto Weininger. D’autre part, Modiano semble avoir été pris au piège de la parodie trop bien réussie. On veut bien croire qu’il voulait écrire contre les Rebatet, Drieu, Brasillach, Céline. Mais quand il pastiche les pamphlets antisémites de ce dernier, il réussit des textes plus drôles, plus inventifs, plus convaincants que les assommantes pages de Bagatelles pour un massacre. Le plus mauvais Drieu, filandreux et mou dans ses écrits racistes, devient léger et aérien dans le concentré un peu fou qu’en donne ce jeune écrivain de vingt-trois ans. La parodie n’est plus destructive, mais améliorative. L’effet curieux, secondaire, se voit dans la réaction de Paul Morand, qui l’a consignée dans son Journal inutile : il découvre dans La Place de l’Étoile un livre éclatant qui réhabilite les collaborateurs et les antisémites, dont lui, Morand, ami et fidèle de Laval, se veut solidaire. Il obtient, pour Modiano, le prix Roger Nimier, puis le grand prix de l’Académie française. Modiano et Morand deviennent des amis : ils ont de longs entretiens où ils se taisent tous les deux… Morand s’est sans doute trompé, mais il a perçu une part de l’énigme, celle que suggérait Modiano, dans son épigraphe de La Ronde de nuit, attribuée (?) à Scott Fitzgerald : « Pourquoi m’étais-je identifié aux objets mêmes de mon horreur et de ma compassion ? »
Morand était en droit de croire que l’auteur s’identifiait à Raphaël Schlemilovitch, à Lamballe, à Chalva Deyckecaire. Et Modiano semble avoir voulu se prémunir contre cette mésinterprétation. Dès Villa Triste (1975) et surtout avec Livret de famille (1977), il rompt avec l’écriture parodique et avec les acrobaties histrioniques du deuxième ou du troisième degré. Il adopte une écriture relativement neutre, d’un seul degré, qui va s’inspirer de celle de Simenon, mais avec de subtiles douceurs d’écriture et des bonheurs furtifs. Il quitte l’enfer des années noires, ou en donne des versions bien rassurantes. Alors que dans La Place de l’Étoile, mais aussi dans certaines interviews, il s’exprimait durement sur le politique de l’État d’Israël, en 1977, dans ce Livret de famille, il énonce sa solidarité avec cet État, mis en question dans son existence par la guerre du Kippour. Ce livre, très rasséréné, efface un peu les traits d’identité juive, par exemple en insistant sur l’acte du baptême que sa mère, catholique, lui fait accomplir à Biarritz. Il y a donc vers 1975, un tournant stylistique, thématique et politique dans la production de Modiano. D’ailleurs, la plupart des romans qui ont suivi nous présentent des personnages dépourvus de traits d’identité juive (ou demi-juive, pour reprendre un thème bien désagréable). Reste qu’à la fin des fins, vingt ans après, Modiano, loin de Céline, mais pas si loin de Proust, deviendra le grand écrivain juif français avec Dora Bruder (1997) : difficile de ne pas voir là le livre de l’extermination de la diaspora juive, de la responsabilité française dans la participation à cette entreprise et de la fraternité décalée qui relie Patrick Modiano à Dora Bruder, cette inconnue. Ce livre, plus que les autres du même auteur, a conquis une audience internationale et a sans doute inspiré le choix du jury du prix Nobel.
Mais, précisément dans Livret de famille, le « devenir écrivain », planche de salut pour un naufragé de l’existence sociale, a pris une nouvelle formulation : « J’avais dix-sept ans et il ne me restait plus qu’à devenir un écrivain français. » Modiano ne veut plus paraître comme l’écrivain juif errant, rôle que lui assignait Jean Cau dans une préface à La Place de l’Étoile, préface très vite écartée par l’auteur. Pourtant Patrick Modiano n’a jamais voulu être partie prenante dans l’Histoire de France. Dans l’épigraphe des Boulevards de ceinture (1972), il s’abrite derrière Rimbaud : « Si j’avais des antécédents à un point quelconque de l’Histoire de France ? — Mais non, rien. »
A-t-il des antécédents dans l’histoire de la littérature française ? Il est resté fort discret sur ce point. Il a lu, comme Raphaël Schlemilovitch, Drieu, Brasillach, Bardèche, Céline : il les a surtout réécris et pastichés. Plus tard, en 1997, il donnera une version rassurante, normalisante de ces lectures. Son père lui avait laissé une bibliothèque antisémite, qu’il s’était procurée pour s’informer des arguments de ses persécuteurs. « Moi, je voulais dans mon premier livre répondre à tous ces gens dont les insultes m’avaient blessé à cause de mon père. Et, sur le terrain de la prose française, leur river une bonne fois pour toutes leur clou » (Dora Bruder, p. 73, coll. « Blanche »).
Certes, cette explication, qui tend à dénier pour le père comme pour le personnage fictif, la figure du juif antisémite est bien sincère. Mais l’effet fut tout autre : Modiano parut alors, dans les milieux intellectuels, l’artisan d’une « mode rétro », considérée comme un détestable retour aux fantômes du fascisme et du nazisme. Dans un consternant entretien, Michel Foucault, du haut du Collège de France, condamna le film Lacombe Lucien, comme une tentative de la grande bourgeoisie pour nier la lutte des masses sous l’occupation. Et les premiers livres de Modiano coïncident avec le grand retour de Céline dans le corpus universitaire et celui de Morand et de Chardonne dans la haute littérature. Modiano est encore allé plus loin, quand il a retiré de son recueil « Quarto » toute la trilogie de l’occupation. Toute une génération de lecteurs, la plus proche de Modiano, s’en voit navrée, car elle a connu avec cette trilogie une illumination sans pareille. Elle ne trouve pas que la composition unilinéaire soit supérieure à la complexité énigmatique. Mais cette génération s’éloigne et les nouvelles proposeront d’autres lectures…
On ne trouve pas beaucoup d’antécédents avoués à Modiano dans l’histoire de la littérature française. Il a été encouragé, patronné par Queneau, Morand et Berl. Il a beaucoup emprunté à Roger Nimier en reprenant et inversant les schémas du résistant-collaborateur dans Les Épées (1948). Il aurait pu signaler que son premier livre, pour le fond et pour la forme, devait un peu à Israël de Bernard Franck, cet autre cascadeur des lettres. Une fois, pour river son clou à Robbe-Grillet, qui l’agressait, il a dit son admiration pour Le Coup de lune de Georges Simenon, bien plus novateur. Le belge international Simenon et le migrant génial Modiano n’aiment pas beaucoup la France réelle et historique. Mais Modiano, après Simenon, un peu au-dessus de lui, parce qu’il est un artiste secret et plus qu’un artisan, représente le meilleur de la littérature française. Cette littérature se fait parfois contre la France telle qu’elle s’incarne – dans le sens où Malraux disait que l’art est un anti-destin.