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Médium 34 « Récits du pouvoir, pouvoirs du récit » (janvier-mars 2013)

Nous, les Occidentaux ?

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Publié le : 1er novembre 2015. Modifié le : 11 mai 2021

L’Amérique se cherche, l’Europe s’égare, la Chine se retrouve. Et voilà que reprennent, côté couchant, les violons de l’automne.

Au moment où l’inusable et noble notion d’Occident ressort du Malet-Isaac pour labéliser le trio habituel USA/Grande-Bretagne/France ; où l’air du temps, chez les directeurs de l’esprit public, gauche ou droite, est à « l’occidentalisme » ; où chaque « grande conscience » en appelle à un sursaut des puissances, valeurs et responsabilités « occidentales » – le titre du livre mal famé de Spengler (Le Déclin de l’Occident, 1922) se met à courir à la une des magazines. On se lassait de Rambo, on retrouve Hamlet. Le pourquoi du vague à l’âme est dans toutes les gazettes : submersion démographique (que pesons-nous sur une planète passée en un demi-siècle de trois à six milliards d’habitants ?) ; désindustrialisation, endettement et déficits publics ; pollution de l’environnement ; chute de compétitivité ; privilège de change du yuan (la Chine vendant, dit-on, à moitié prix) ; perte de foi dans notre modèle de croissance. Etc. Catalogue archiconnu.

L’Occident ? Invention largement mythique – mais les mythes sont des fusées et non des billevesées – « l’Occident » a connu plusieurs avatars durant le dernier millénaire. Pour faire simple, vers 1250, la Chrétienté. Vers 1750, l’Europe des Lumières. Vers 1900, le club de Berlin, pour le partage de la planète. Vers 1950, le « monde libre », pour tenir tête à Staline. Cette cristallisation s’est toujours opérée dans un antagonisme avec un Orient intrusif et maudit… La zone euro-atlantique, soit « l’aire chrétienne » (moins le monde orthodoxe) a, elle, un profil géopolitique bien cerné. C’est celui, pour parler net, de l’Otan (dont l’Occident serait comme le nom de plume).


Quels en sont aujourd’hui les atouts et les handicaps ?

Atout n°1 : une cohésion sans précédent (sous commandement américain)
Atout n° 2 : le monopole de l’universel
Atout n°3 : l’école des cadres de la planète
Atout n°4 : le formatage des sensibilités humaines
Atout n° 5 : l’innovation scientifique et technique

Handicap n°1 : l’hubris du global
Handicap n°2 : un aveuglant complexe de supériorité
Handicap n°4 : le déni du sacrifice
Handicap n°5 : la prison du temps court
Handicap n°5 : la dissémination du perturbateur


Voir aussi : Régis Debray & Renaud Girard, Que reste-t-il de l’Occident ? Grasset « Petite collection blanche », 2014.

À la manière des contes philosophiques, cet ouvrage se présente comme un échange épistolaire entre le philosophe Régis Debray et le reporter international Renaud Girard sur le déclin présumé de l’Occident. La diversité des expériences, des angles, des points de convergence et de divergence entre les deux auteurs fait de ce petit livre rapide et brillant la synthèse la plus stimulante qui soit sur l’un des plus grands sujets de notre avenir.

La version intégrale de cet article a été publiée dans Médium 34, Récits du pouvoir, pouvoirs du récit, janvier-mars 2013, sous le titre « Occident, fiche clinique ? ».



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