1) La foi du combattant est certes une arme redoutable, via le sacrifice. Mais pour le stratège, c’est autre chose… En d’autres termes, le meilleur stratège n’est-il pas un homme sans foi ni loi ?
L’homme de foi va dans le mur mais au moins il y va. L’homme de tête reste à l’arrière mais au moins il voit clair. Fâcheux dilemme. Le grand art qui, en politique, fait le grand homme, c’est l’alliance de l’élan et du recul, de l’âme et du cerveau. Ce dont témoigne De Gaulle à la première page de ses Mémoires de guerre, sentiment et raison, esprit d’enfance et maturité mêlés. Clemenceau, dans le genre métisse, n’était pas mauvais.
2) Qui est l’ennemi, ou plutôt « qui est notre ennemi ? ». La question du « nous » n’est-elle pas aujourd’hui plus embarrassante encore que celle de l’ennemi ? Qui sommes-nous pour avoir encore des ennemis ?
L’ennemi est toujours fécond d’où nait la cohésion d’un nous. Quand nous ne savons plus ce que nous sommes, eux nous le rappellent. Excellente invention. On comprend que la fabrication de l’ennemi fasse partie des industries de toute société organisée.
3) Et puis nous avons paraît-il nos « valeurs », celles de l’Occident. Mais quelle stratégie, et quel stratège ? Poutine en chef de guerre… occidental ?!
Poutine, c’est la fierté nationale, finies les humiliations, et le pari sur l’avenir en fonction des circonstances. Remarquable combinaison. La politique comme art. Ni hubris ni cautèle : le risque calculé.