Médiologie
Fondée par Régis Debray

Accueil > Publications > Médium > « Littérature, chutes et rebonds »

50. Médium 50

« Littérature, chutes et rebonds »

Janvier-mars 2017

par

Publié le : 17 juillet 2020

Dieu était mort, mais les lettres se substituaient aux Écritures, et les écrivains aux hommes de Dieu. Un siècle est passé et l’oubli recouvre, le plus souvent, les noms pour lesquels on se serait battu jadis.

Que sont devenus nos écrivains naguère admirés ? Mais si au lieu de chutes, on observait les rebonds, au lieu de nécrose les métamorphoses ? Pourquoi désespérer de l’ai du temps ?

Sous la direction de Daniel Bougnoux et Jacques Lecarme

Sommaire

Ouvrir et fermer le sommaire

Ouverture

Le numérique fera-t-il du passé et patrimoine littéraire table rase ? L’écriture des belles lettres, depuis Horace jusqu’à Mallarmé, a toujours visé la durée, la postérité, la pérennité. Chaque écrivain pouvait espérer devenir après sa mort « tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change ».

Survie, mode d’emploi
par Daniel Bougnoux

Oui, le temps décidément travaille et les craquements dans la vieille demeure se multiplient, un glissement de terrain est en train d’emporter ce qui faisait nos sujets d’orgueil, de délectation ou d’études. Mais ce même « air du temps », qu’on peut détester, ne cesse aussi de proposer de nouveaux objets à notre curiosité.

La peau de chagrin
par Jacques Lecarme

Chronique d’une mort différée. Tous ceux qui s’attachent, professionnellement, à l’étude de tel ou tel écrivain mémorable se plaignent de la désaffection qui entoure leur favori, par ailleurs leur chantier et leur gagne-pain.

Laclos, le réactivé
par Robert Dumas

Dans le domaine des sciences, Bachelard a démontré que les développements polémiques du rationalisme provoquent l’élimination de théories périmées, jugées fausses, non pertinentes, et au contraire l’élection de théories sanctifiées qui constituent le corps même de la science en acte.

Pierre Loti, l’idiot qui revient
par Bruno Vercier

Aujourd’hui 20 août et en prévision de ma mort, j’arrête définitivement ce journal de ma vie, commencé depuis environ quarante-cinq ans. Il ne m’intéresse plus, et n’intéresserait plus personne.

Romain Rolland, la Conscience
par Philippe Reliquet

Il est, par son génie et pour le caractère, le plus grand homme de ce temps, l’un des plus nobles exemplaires d’humanité de tous les siècles. Deux fois grand, et par l’esprit et par le cœur, nul n’a porté plus haut, dans le mépris de l’outrage et le dédain de l’opinion, le respect de soi-même.

Paul Valéry, l’intermittent
par Michel Jarrety

La phrase est bien connue : « La littérature est pleine de gens qui ne savent au juste que dire, mais qui sont forts de leur besoin d’écrire . » Valéry sait à coup sûr que dire…

Victor Segalen, la Stèle
par Noël Cordonier

Pourquoi l’œuvre des Nobel Anatole France (1844-1924) et Romain Rolland (1866-1944) appartient-elle aujourd’hui plus à l’histoire littéraire qu’à la littérature vive, contrairement à celle de Victor Segalen, dont la courte vie (1878-1919) est tout entière incluse dans la glorieuse carrière de ses vénérables contemporains, alors qu’il n’avait publié à sa mort que quatre livres confidentiels  ?

Marcel Proust, l’inachevable
par Michel Erman

« Pourquoi vouloir se débarrasser de Proust qui a cessé d’être un modèle pour les écrivains contemporains ? » se demandait, avec quelque malice, le romancier Philippe Vilain dans un article de l’irrévérencieux Service littéraire, paru au printemps 2013, cent ans après la publication de Du côté de chez Swann et sa cohorte de célébrations.

Georges Simenon, l’inoxydable
par Paul Soriano

Georges Simenon remplit de manière exemplaire la plupart des conditions qui déterminent, en général, une survie littéraire.

Jean-Paul Sartre, le XXe siècle
par Grégory Cormann

La mort de Sartre en 1980 a correspondu à l’effondrement des espoirs politiques révolutionnaires en Europe.

Julien Gracq, le grand chemin
par Jean-Yves Chevalier

« Notre idée de l’immortalité, ce n’est guère que la permission pour quelques uns de continuer à vieillir un peu une fois morts. » Julien Gracq évoque ici la célébration du centenaire de la naissance de Rimbaud dont le caractère cérémonieux le rebute.

Gary-Adjar, deux pour un
par Hélène Maurel-Indart

Qu’une œuvre fasse fortune du vivant de son auteur, l’éditeur y voit déjà une sorte de miracle, un imprévisible en dépit de tous les paris ; privilégier les sujets d’actualité, cristalliser l’esprit du temps en adoptant les traits de langue de l’époque favorise vraisemblablement la rencontre entre un public et un auteur.

Georges Perec, le frère
par Claude Burgelin

Décidément, il y a quelque chose d’exceptionnel dans le destin de Perec. Le fameux « purgatoire » auquel semble voué tout auteur assez vite après sa disparition, celui que connaissent aujourd’hui les novateurs et dominants de naguère (Duras, Claude Simon, Robbe-Grillet, Sarraute…), Perec y échappe.

Bob Dylan, la star.
par Régis Debray

Le sage n’a pas d’avis, le médiologue non plus. Prétendre qu’il n’a ni goût ni opinion serait prétentieux – du moins n’en fait-il pas état. C’est un idiot ès-qualités. Quand on lui demande, par exemple, ce qu’il pense du prix Nobel de littérature attribué à Bob Dylan, il répond : rien. Pas compétent.

Petit index.
De Robert Antelme à Theodore Sturgeon