Médiologie
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Robert Dumas

par La Rédaction

Publié le : 25 juin 2021. Modifié le : 17 décembre 2023

Robert Dumas nous a quittés ce 19 juin 2021, quatre ans après notre « autre Robert » (Damien). Ensemble, ils avaient dirigé le numéro de Médium en hommage à François Dagognet (Médium 48, « Matières à penser », juillet-septembre 2016).

L’un d’entre nous a su dire en quelques mots quelle perte est celle-ci : « Robert était une personnalité si attachante, un esprit si fin, à la fois imprévisible, enjoué, généreux et si doué pour l’humour ! Après Louise [Merzeau] et Robert Damien, le groupe perd une de ses figures historiques et un de ses membres les plus fidèles. » (Pierre-Marc de Biasi). D’autres ont souligné les qualités saillantes de son écriture : « de la puissance et du style », « finesse et exactitude »…

Du premier au dernier numéro de la revue, Robert Dumas a signé plus d’une vingtaine de contributions, souvent consacrées à la relecture d’un écrivain ou d’une œuvre, mais le médiologue qu’il était avait d’autres centres d’intérêt, jusqu’aux plus « terre à terre », en bon disciple de Dagognet.

Sa passion pour la langue des écrivains n’exclut pas les images, Lampedusa le conduit à Visconti (« Mort à Palerme ») : « cette magnifique méditation sur Le Guépard de Visconti prend un sens singulier… » dans le tout dernier numéro de Médium intitulé « La mort et après »… (Antoine Perraud).

Auparavant, il nous a fait relire Camus, l’instituteur, Laclos, Jules Verne (Le tour du monde en 80 jours), Joseph Conrad (L’Agent secret), et bien sûr Victor Hugo (in « L’écrivain national », Médium 42)… Et d’autres moins connus ou moins reconnus : Gontcharov (Oblomov), Ferenc Karinthy, (pour Épépé, « une histoire sans parole ! »), Broch et ses Somnambules, Ernst Von Salomon…

On ne s’étonnera donc pas qu’il s’indigne de la « mort du texte », pire de « la haine du texte », en Avignon.

Le médiologue a célébré le papier (le journal à l’ère du numérique, à propos de « Je suis Charlie ») ou, plus surprenant… la motocyclette (« En Harley-Davidson », dans Médium 46-47, « Éros aujourd’hui », un article inattendu mais si joliment introduit : « Après l’escarpolette, la motocyclette : gros cube et tombeau ouvert ») ; et encore, le temps long de la croissance et de la transmission (« On ne répare pas un marronnier »), jusqu’à opposer les « vins de transmission » aux « vins de communication »…

Ces petits écarts de conduite ne l’éloignent jamais de l’essentiel, médiologue toujours : « L’accélération technique tend à escamoter les rythmes immuables des cycles naturels, comme la fraîcheur des climatiseurs au-dedans, l’ombre des marronniers au-dehors. L’illusoire alignement du temps irréversible propre aux êtres vivants sur le temps toujours modulable des artefacts n’entre pas pour peu dans notre actuelle difficulté à transmettre. »

Merci, Robert de nous avoir tant donné à penser, lire, relire et gambader !


Robert Dumas, agrégé de l’Université, docteur en philosophie, a été professeur au lycée Berthollet, d’Annecy mais il préférait se dire « professeur de philosophie aux champs ». Son Traité de l’Arbre, essai d’une philosophie occidentale, 2002, a été réédité chez Actes Sud en 2013 (lire ici son article « on ne répare pas un marronnier) ».
Il a contribué à l’ouvrage collectif, J.J. Rousseau, le sentiment et la pensée, paru en 2013 aux Éditions Glénat, dont il a rédigé la partie politique sur le « philosophe citoyen ». Il a également publié Bob Verschueren – Conversation avec Robert Dumas aux Éditions Tandem, 2008

Contributions de Robert Dumas à la revue « Médium »



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