Médiologie
Fondée par Régis Debray

Accueil > Publications > Médium > Médium 4

04. Médium 4

Médium 4

Juillet-septembre 2005

par

Publié le : 29 novembre 2015

La fin de l’âge médiatique met les médiologues face à leurs responsabilités intellectuelles. Le non français du 29 mai dernier a traduit ce crépuscule en protestation.

Chacun l’appréciera politiquement à sa façon. Mais sans en exagérer l’importance et sous notre angle de vue, il semble joindre aux caractères de l’événement – la brèche non-programmée dans l’horizon des attentes collectives – ceux du tournant historique : un changement dans nos façons de croire, d’agir et de circuler, lié au passage d’une médiasphère à une autre.

Lire la suite, Bonjour l’hypersphère

Sommaire

Après l’ordre du livre

par Patrick Bazin

Le projet Google de « bibliothèque universelle » a été vécu par les autorités françaises comme un défi à relever. Mais ces réactions fort légitimes ne sauraient nous faire oublier que le passage de l’ordre du livre à l’ordre numérique, qui bouleverse les notions d’œuvre, d’auteur, de lecteur et de savoir, est un changement de monde.

Profane et sacré en République

par Pierre Nora

Pierre Nora a bien voulu confier à « Médium » l’allocution qu’il a prononcée le 14 mars 2005, sous la Coupole, à l’occasion de la Commémoration du centenaire de la loi de 1905, confiée aux soins de l’Académie des sciences morales et politiques.

Le moi par la lettre : de Platon à Tati

par François-Bernard Huyghe

L’apparition du « Moi » dans l’histoire des mentalités est classée « fait culturel ». Celle du transport à distance des missives, « fait technique ». Mais comment saluer l’émergence littéraire de l’intime sans rendre sa juste gloire au facteur ? Un modèle d’analyse médiologique.

Éloge de la traduction :le cas japonais

par Nobutaka Miura

Chacun connaît la devise de l’ère Meiji : « âme japonaise, technique occidentale ». Comment épouser la modernité technique sans perdre son âme ? Comment rendre compatibles modernité et tradition ? Le Japon moderne a répondu : par la traduction. C’est cette histoire exemplaire que Nobutaka Miura résume ici.….

Qu’est-ce qu’une épidémie ?

par Jean-Paul Escande

Les phénomènes d’épidémies symboliques, les contagions mythiques, les projections incontrôlées de modèles de comportement illustrent au premier chef la question médiologique (« comment une idée devient force matérielle ? »). D’où l’intérêt pour nous, au-delà de ces métaphores, d’une mise au point rigoureuse sur la notion proprement médicale d’épidémie, par un homme de l’art.

Du personnage comme médium

par Régis Burnet

Aide-mémoire, facilitateur de récit, moyen pour une idée de faire image, le personnage, qu’il soit historique ou légendaire, a une puissance de transmission incomparable. Sans « Marie-Madeleine », pas de « Da Vinci Code ». Un rappel à longue portée, déclinable sur plus d’un registre.

A quoi bon connaître les religions ?

par François Boespflug

La notion d’enseignement du fait religieux dans l’école laïque a été récemment entérinée par le législateur (amendement Brard). Elle suscite encore quelques réticences tant chez les rationalistes que chez les clercs. On dénonce alors un cheval de Troie, tantôt du mysticisme dans l’enceinte du savoir, tantôt du relativisme dans l’enceinte du dogme. Un professeur d’histoire des religions à l’université Marc Bloch de Strasbourg répond à ces inquiétudes

L’art à l’estomac, ou l’anti-Malraux

par Régis Debray

On trouvera ici la transcription d’une intervention orale, dans le cadre d’un séminaire mensuel de médiologie. Elle enchaîne sur des propos déjà publiés de Michel Melot, ancien directeur de l’Inventaire de France, sur la lucidité esthétique d’André Malraux.

Ce que la science doit à la sorcellerie

par Bruno Lavillatte

L’autorité de « la magie naturelle », jusqu’à la Renaissance, reposait sur la preuve par l’ancienneté. Désenchanter le monde, c’est changer le régime d’autorité, du lu vers le vu ; et donc nier le livre comme dépôt de vérité. C’est à ce « délestage médiologique » qu’a procédé la toute nouvelle science expérimentale.

Les deux mémoires de l’esclavage

par Gérard Barthélémy

Que reste-t-il de l’esclavage dans la mémoire des anciens esclaves ? Et dans celle des anciens maîtres ? Les deux sortes de traces ne peuvent se rencontrer. À partir du cas haïtien, une approche anthropologique d’un douloureux divorce, aux effets toujours sensibles.

Le magnétophone et l’anathropologue

par Jack Goody

Comment se fabrique le regard ethnographique ? L’anthropologue anglais Jack Goody, auteur du célèbre « La Raison graphique » (The domestication of Savage Mind, Minuit, Paris, 1979), prend au sérieux les outils de transcription des mythes, et leurs incidences sur la perspective structuraliste. Une approche empirique, qui tire à conséquence.

Bonjour l’ancêtre

L’abbé Grégoire : révolutionnaire parce que prêtre

par Robert Dumas

Salut l’artiste

Jean Le Gac.

par Régis Debray

Pour qui y se prend, çui-là ? Un prof de dessin qui joue au démiurge canonisé ! On met en scène, en belle compagnie, ses Adieux à l’art aux Gobelins de Beauvais et pour faire bonne mesure, on a déjà logé ses collections au Musée Jean Le Gac (avenue Gambetta, 75020 Paris). Et puis quoi encore ?

Un concept

Médiasphère

par Régis Debray

S’entend par ce mot la sphère de circulation des traces et des individus techniquement déterminée par les modes de transport dans l’espace et dans le temps prévalant à un moment donné de l’histoire.


A bout de souffle, l’Europe ?

par Régis Debray

L’Europe au sens fort sera dramatique ou ne sera pas. Pour l’heure, le sens faible a le dessus. Quiconque a pu réfléchir, en médiologue, au devenir-force des idées et connaît ce qu’il faut de « grand récit » pour donner corps à une personnalité collective, accueillera cette évolution avec le calme des vieilles moustaches. On a choisi de publier ici tel quel le texte d’une intervention faite à Berlin en début 2001, en réponse au malaise (déjà) suscité dans l’opinion d’alors par les « maigres résultats » du traité de Nice... Le titre était : Après Nice, l’Europe à bout de souffle ? Quitte à lui substituer, cinq ans plus tard, un Après le référendum, on ne voit pas de raison aujour-d’hui de redire autrement la même chose.